BOSSUET (Jacques-Bénigne).
Discours sur l'Histoire universelle, par Bossuet. Édition augmentée des nouvelles
additions et des variantes de texte.
Tomes I et II (complet).
Paris, Emler, 1829.
[Paris, / Emler Frères,
Libraires, / rue Guénégaud, N° 23. / M
DCCC XXIX.]
Deux volumes in-8°
(145 x 225 mm.) demi-basane vert foncé, dos lisses à 4 nerfs ornés
de fers et roulettes dorés (marque du relieur montois
Masquillier en queue du t. I), t. I : [3 (faux-titre,
mention d'imprimeur, titre)], [1 bl.], 321, [1 bl.] p.,
un portrait gravé de Bossuet en frontispice, t. II :
[3 (faux-titre, mention d'imprimeur, titre)], [1 bl.], 377, [1
bl.] p., rousseurs, ex-libris Le Tellier.
Notice de l'éditeur
:
Le
Discours sur l’Histoire universelle fut publié
dans les premiers mois de 1681, à Paris, chez Sébastien
Mabre-Cramoisy, en un vol. in-4° de 561 pages. Le privilège
du roi, pour l'impression, daté du 11 février 1681,
est accordé pour quinze ans. Cette édition, ornée
de vignettes en taille douce au commencement et à la fin
du livre, est fort bien exécutée. On la contrefit
en Hollande la même année.
La seconde édition, qui n'est qu'une
réimpression de la première, avec quelques corrections,
parut en 1682, chez le même libraire, en un vol. in-12
de 639 pages. On a mis à la première et à
la dernière page les mêmes vignettes, réduites,
qu'à l'édition in-4°. Il se trouve des exemplaires
de cette édition qui portent la date de 1691, chez Le
Roulland ; mais le frontispice seul est changé.
Le même Roulland obtint, le 2 septembre
1695, un nouveau privilège pour six ans, à compter
du jour de la réimpression. La troisième édition,
faite en vertu de ce privilège, fut mise au jour à
la fin de mars 1700, en un vol. in-12 de 607 pages. On lit au
frontispice : Troisième édition, revue
par l’auteur. La vignette de la première page
a été seule conservée.
Cette édition est la dernière
qui ait été donnée du vivant de Bossuet,
et qu’il ait revue. Elle diffère des précédentes
en ce que la seconde partie, qui n'a que treize chapitres dans
les deux premières éditions, est divisée
en trente chapitres dans la troisième. Le dernier chapitre
de l’ouvrage a été aussi partagé en
deux ; ce qui donne huit chapitres à la troisième
partie, au lieu de sept qu'elle avoit auparavant. L’auteur,
en revoyant son livre, y corrigea plusieurs fautes de dates et
de citations, retoucha le style en divers endroits, et y fit
beaucoup d'additions, principalement sur l'inspiration des livres
saints. On a suivi cette édition dans la collection de
ses OEuvres, Paris, 1743 et 1748, in-4°, et dans les
éditions faites séparément du Discours
sur l’Histoire universelle, depuis 1707 jusqu'en 1741.
Mais, en 1753, les libraires de Paris qui avoient le privilège
de cet ouvrage, au lieu de continuer à le réimprimer
d'après l'édition de 1700, reprirent celle de 1681,
et ont persisté à la suivre jusqu'à présent.
Les éditions de Didot pour l'éducation du Dauphin ;
celle que le même imprimeur a publiée en 1814 parmi
les meilleurs ouvrages de la langue française, et autres
imprimées avec tant de luxe, ne sont pareillement que
des copies de la première édition, et on y a omis
les additions et les corrections faites par Bossuet dans la troisième.
Mais l'abbé Ledieu, son secrétaire,
nous apprend que dans les dernières années de sa
vie, l'évêque de Meaux ne cessoit de revoir son
ouvrage. Le fruit de ce dernier travail est un grand nombre d'additions
importantes, qu'on a entièrement écrites de sa
main, et dont le but est de mettre dans un nouveau jour les preuves
de l'authenticité des livres saints, et la liaison qu'ont
entre eux l'ancien et le nouveau Testament. Le morceau le plus
considérable est un chapitre entier, le XXIXe de la seconde
partie, ayant pour titre : Moyen facile de remonter à
la source de la religion, et d'en trouver la vérité
dans son principe.
Ces fragments étoient restés,
jusqu'à nos jours, ensevelis dans un profond oubli. Ils
furent imprimés pour la première fois, sous le
titre assez impropre de Variantes, et confondus avec les
additions faites en 1700, à la fin de l’édition
stéréotype d'Herhan, en 4 vol. in-18, Pans, 1806.
On annonce, dans l’Avertissement, que l'ouvrage est « enrichi
de Variantes que les anciens éditeurs avoient déjà
publiées dans différentes éditions, notamment
dans les collections des OEuvres de Bossuet, imprimées
en 1743 et 1748 ; » et l'on reprend M. Didot
l'aine d'avoir « supprimé ces Variantes,
soit parce qu’il ne connoissoit pas l'existence des manuscrits,
soit parce que ces Variantes nécessitoient dans
l'ancien texte des retranchements importants. »
Mais ce sont, autant d'assertions gratuites.
1° Le plus léger examen démontrera,
comme on l'a dit ci-dessus, que dans les collections de 1743
et de 1748, ainsi que dans les éditions séparées
du Discours sur l'Histoire universelle, on s'est borné
à copier tantôt la première, tantôt
la troisième édition.
2° M. Didot n'eût pu avoir connoissance
des additions nouvelles qu'autant que les Bénédictins,
éditeurs de Bossuet, lui auroient communiqué ses
manuscrits, dont ils étoient dépositaires :
ce qui n'a pas eu lieu. On pourroit reprendre, à plus
juste titre, ce célèbre imprimeur de ne s'être
pas attaché à suivre la dernière édition
donnée par l’auteur, c’est-à-dire celle
de 1700, puisqu'on a vu quel soin l'évêque de Meaux
avoit mis à la revoir et à la perfectionner.
3° Bien loin que ces Variantes nécessitent
dans le texte des retranchements importants, tout, au plus
exigent-elles la suppression de trois ou quatre phrases ;
si toutefois on peut appeler supprimées celles que l’auteur
n'a ôtées que pour en substituer d'équivalentes,
et souvent pour donner plus de développements au sujet.
Ce qu'on peut dire de plus vraisemblable sur
l'assertion des éditeurs stéréotypes, c’est
qu'ils n'ont eu connoissance des additions manuscrites, et même
des corrections de l’édition de 1700, que quand la
leur a été imprimée. Alors ils se sont déterminés
à placer ces fragments à la fin de chaque volume,
en indiquant les pages auxquelles ils se rapportent.
Mais ce n'étoit point remplir le vœu
de Bossuet, qui bien évidemment vouloit qu'ils fussent
insérés dans le corps du Discours, puisque
après chaque morceau il a marqué les premiers mots
qui commencent la phrase qui doit suivre immédiatement.
Pour nous conformer à son intention,
nous avons exactement suivi le texte de la troisième édition,
en insérant, aux endroits indiqués dans le manuscrit,
les différents passages ajoutés, qui se lient très-bien
avec ce qui précède et ce qui suit, comme on peut
le remarquer à la lecture. Cette insertion n'a exigé
d'autres changements, dans le texte ancien, que la substitution
d’un petit nombre de mots marqués par l’auteur
même, et la suppression de quelques lignes concernant les
Samaritains, dans la VIIe Epoque ; parce que Bossuet
a réuni un peu plus bas, sous un même point de vue,
tout ce qui concerne l'histoire de ce peuple.
Enfin, désirant donner à cette
édition toute l'exactitude possible, nous avons vérifié
les dates mises en marge de la première partie, ce qui
nous a donné lieu de rectifier plusieurs erreurs ;
et partout où nous nous sommes aperçus que les
années ne correspondoient pas aux événements,
nous avons rétabli la correspondance en plaçant
les dates vis-à-vis des faits auxquels elles se rapportent.
Nous avons aussi confronté avec soin les passages cités,
à l'exception de quelques rabbins et d’un très-petit
nombre d'auteurs dont nous n'avons pu avoir les livres. En général
tout est exact. Mais pour faciliter la vérification, si
quelqu'un étoit curieux de la faire, nous avons ordinairement
ajouté le chapitre, etc., quand Bossuet n’indiquoit
que le livre. Nous nous sommes servis, pour les Pères
de l’Église, des éditions des Bénédictins ;
pour Fl. Josèphe, de l’édition d’Havercamp;
et comme la division des livres et des chapitres n'est pas la
même dans cette édition que dans les anciennes,
nous avons cité des deux manières. Pour Eusèbe,
on a suivi l’édition de Henri de Valois ; pour
Aristote celle de Duval ; pour Hérodote, la traduction
de M. Larcher ; pour Denys d’Halicarnasse, celle de
Bellanger ; pour Diodore de Sicile, celle de Terrasson ;
pour Polybe, l’édition Variorum ; pour
Tacite, celle de Brotier. Nous nous bornons à ces auteurs,
qui sont ceux qui reviennent plus fréquemment.
Notice de H. Dubois d'Enghien sur le relieur :
Masquillier, Ildephonse-Louis, né à
Lens (Hainaut), en 1803, décédé à
Uccle-lez-Bruxelles, en 1842, exerça la profession de
relieur, à Mons, de 1828 environ, à la fin de ses
jours. Voici les renseignements que j’ai pu recueillir à
son sujet :
Son père, Julien-Joseph, mort en décembre
1822, était juge de paix du canton de Lens. Sa mère,
Marie-Adrienne Marousé, alla se fixer à Mons, avec
son fils, en 1828. Le fait est consigné comme suit dans
les registres de la population : « À la
date du 18 avril 1828, est venue habiter Mons venant de Lens,
Mme Marouze (sic), Marie-Adrienne, veuve de Masquelier (sic),
Julien, relieuse, née à Soignies, le 25 janvier
1761, ainsi que son fils Masquelier, Ildephonse, né à
Lens, le 24 août 1803, célibataire. Ils se sont
établis en notre ville, rue des Capucins, 30. »
Masquillier est cité comme relieur à
cette dernière adresse dans l'Annuaire industriel de
la Belgique, pour 1833. Sa mère, qui était
sa collaboratrice ou son associée, vivait encore en cette
même année 1833 ; des certificats à
cette date, conservés au greffe du Tribunal de Mons, attestent
que le relieur était dispensé de la garde civique,
comme soutien de veuve, et du service militaire pour avoir un
frère au service.
On ignore où Masquillier fit son apprentissage.
Dans ses Notes, De Samblanx écrit à ce propos :
« Son genre, très nettement différent
des autres, nous fait supposer qu’il a travaillé
dans l’atelier de Bozérian. » L’auteur
n’indique pas sur quelles analogies se fonde sa supposition.
Ce ne peut être, à mon sens, que sur l’usage
des compartiments ornés aux petits fers et à fonds
pointillés qui se retrouvent dans certaines reliures de
Masquillier. Mais on sait que ces pointillés furent pratiqués
par bien d’autres relieurs français et étrangers,
et en particulier chez nous, par Deflinne-Serré. Or la
maison tournaisienne était très renommée
vers 1820-1825. Vu la proximité du bourg de Lens, ne conviendrait-il
pas de supposer à Tournai, plutôt qu’à
Paris, l’atelier où le jeune Masquillier s’initia
au métier de relieur ? La question reste pendante.
En 1833, Ildephonse épousa Adèle-Françoise
Marmuse, née à Mons en 1804. Fille de Laurent Marmuse,
quincaillier établi au n° 24, Grand-Rue, elle
apportait quelque bien à la communauté. Dès
la mort du père, en 1834, les époux acquirent pour
13.000 francs un immeuble situé Grand-Rue, 14 (plus
tard n° 25) et y installèrent leur atelier de
reliure.
Grâce au patrimoine de son épouse,
Masquillier augmenta très probablement, dès cette
époque, son matériel de dorure; et les premières
années de son mariage comptent parmi les plus fécondes
et les plus prospères de sa trop courte carrière.
Bientôt, en 1837, il s’associa avec
Elie Lamir, un prote natif de Mons, pour fonder une imprimerie.
C’est dans la même maison de la Grand-Rue que l’officine
de l’imprimeur voisina avec l’atelier du relieur.
En 1842, Adèle Masquillier, devenue
veuve, prend dans l’association la place laissée
vacante par la mort de son mari, et la firme Masquillier-Lamir
subsiste encore jusqu’en 1860.
Le 1er juillet de cette année, Lamir
se retira des affaires, qui furent reprises par Mme Veuve Masquillier
et par son gendre, M. Paul-Émile Dequesne, époux,
depuis le 7 février 1859, de Mlle Maria Masquillier. Cette
nouvelle association prit fin le 31 décembre 1865, et,
à partir du 1er janvier 1866, P.-E. Dequesne resta seul
propriétaire de la maison. Toutefois, en raison du nom
des fondateurs, qui était celui de sa femme, il conserva
la firme Dequesne-Masquillier.
L’établissement passa ensuite,
de père en fils, aux mains de Léon-Émile-Louis
Dequesne (1863-1940), et de Émile-Antoine-Louis Dequesne
(1896-1947).
En 1946, grâce aux instances de M. M.-A.
Arnould, archiviste de l’État, à Mons, Émile
Dequesne, demeuré célibataire, « comprenant
combien il eût été triste que rien ne subsistât,
après lui, de sa vieille entreprise, avait accepté
de déposer aux Archives de l’État les papiers
qui encombraient ses greniers », et « de
céder, pour le Musée de Mariemont, la collection
d’outils de relieur de son arrière-grand-père. »
Ce matériel vint s’ajouter à
celui des Schavye vendu jadis à M. Raoul Warocqué
par Charles De Samblanx. Il a trouvé place dans l’une
des salles de la bibliothèque, et est exposé dans
le modeste meuble où l’avait rangé jadis le
maître relieur. Les portes de l’armoire sont encore
tapissées extérieurement de l’ancien papier
portant les empreintes des fers, et ce n’est pas sans une
certaine émotion que le visiteur se représente
le relieur, parcourant des yeux ce riche répertoire, choisissant
ses fers, les étudiant en les combinant pour créer
les décors si variés et si originaux de ces reliures
qui devaient consacrer sa réputation.
Les fers à la main occupent la partie
principale du meuble et y sont disposés sur des tablettes
en étagères ; au-dessous, des tiroirs contiennent
les plaques pour le balancier. Grâce à la bonne
obligeance de Mme Faider, bibliothécaire et conservatrice
du musée, j’ai pu examiner à loisir cet outillage
désormais historique ; outillage admirable par les
chefs-d’œuvre de gravure qu’il contient, et qui
constitue, dans son ensemble, une source d’information de
premier ordre pour l’étude des styles romantiques
appliqués successivement à l’art de la reliure.
Quelques fers portent la griffe de graveurs français,
tels que Hérou et Adam, tous deux à Paris ;
beaucoup sont anonymes, et l’on ne peut que regretter la
modestie de ces maîtres graveurs. On voudrait les connaître
afin de pouvoir leur rendre l’hommage qui leur est dû,
car, à aucune époque, le relieur ne fut plus tributaire
de leur talent que durant la période où florissait
Masquillier.
Les genres adoptés ou créés
par le relieur montois sont fort divers, et son outillage, soigneusement
tenu à jour, accuse toutes les variations de style survenues
de 1820 à 1840. En général il aimait à
marier la dorure et la gaufrure à la main avec le travail
au balancier. De Samblanx a fait un juste éloge de son
habileté de doreur et a signalé la belle qualité
et l’éclat de ses ors.
Dans la composition du décor, aussi
bien que dans le choix des matériaux pour l’établissement
de la reliure, il fait montre d’un esprit inventif, toujours
curieux de nouveauté, sans tomber jamais en des innovations
hasardeuses. Il utilisa toutes les espèces de cuirs fabriqués
en son temps pour la reliure : les maroquins long grain
et les veaux fauves ou de couleur, les basanes et les cuirs de
Russie. Il entreprenait tous les genres de reliure : depuis
le cartonnage en percaline gaufrée et la simple demi-reliure,
jusqu’aux pleines reliures les plus luxueuses. Il choisissait
avec soin les matières premières. « J’attends
de beaux papiers gaufrés de Paris pour demi-reliures »,
écrit-il à son bon client Renier Chalon, dans une
lettre où il lui adresse un relevé de compte et
des renseignements sur certaines éditions en cours d’exécution
dans son imprimerie.
Masquillier ne disposait pas, semble-t-il,
à Mons, de marbreur sur tranches. J’ai eu sous les
yeux une de ses reliures dont les tranches avaient été
marbrées au pinceau, travail onéreux et d’un
résultat peu satisfaisant. Aussi usa-t-il beaucoup d’un
genre, encore tout nouveau et qui fit fortune dans la suite,
savoir: la tête dorée, tranches de devant et de
queue ébarbées. Dans le relevé de compte
de la lettre précitée, sur neuf volumes mentionnés,
six sont traités de la sorte ; à en juger
par les prix ce devait être des demi-reliures d’importance
moyenne. La tête dorée, tranches ébarbées,
était réservée d’ordinaire aux demi-reliures ;
je possède cependant un Molière, de Tony
Johannot, 1835-1836, dans une pleine reliure en veau, dos et
plats ornés, signée Masquillier, et dont les tranches
sont ainsi faites.
Masquillier comptait, parmi ses clients, les
principaux membres de la Société des Bibliophiles
montois. Il avait fait graver pour Henri Delmotte, l’auteur
des Œuvres facétieuses, un élégant
super-libros portant les initiales H. D. en caractères
gothiques dans un encadrement de fers romantiques.
M. H. de Backer, bon juge en la matière,
le considérait comme « un des meilleurs relieurs
dont la Belgique puisse s’honorer ». « Une
reliure de Masquillier, dit-il, sur un livre sans intérêt,
reliure de grand luxe, mosaïquée en couleur, a dépassé
récemment à Paris, dans une vente, le prix de 4.000
francs. »
On peut lire d’autre part, dans Le
Trésor du Bibliophile, de M. L. Carteret, à
l’article Lesné, La Reliure, 1819 : « Un
somptueux exemplaire de cette édition, relié par
Masquillier, orné d’un très riche décor
mosaïqué sur fond rouge, doublure de maroquin noir
bleuté avec ornements dorés répétés
en partie sur la contre-garde de moire blanche, figurait à
la vente Rouart, 1911, n° 228 ; il fut adjugé
6.020 francs. Cet exemplaire a figuré en mai 1925, vente
Descamps-Scrive, 2e partie, où il a fait 23.500 francs. »
Par des œuvres d’une telle qualité,
et par bien d’autres où la fantaisie de l’artiste
va de pair avec l’art du praticien, Masquillier a su donner
toute la mesure de son talent. Hélas ! cette carrière,
si ardemment menée à son point de maturité,
ne devait pas connaître le long épanouissement qui,
par l’abondance de la production, eût fait sans nul
doute, du bon relieur montois, l’un des plus grands maîtres
de son temps.
En octobre 1840, Adèle Marmuse note
dans son livre de raison : « Ildephonse Masquillier
est devenu malade. » Au début de l’année
suivante le relieur séjourne à Lens, son bourg
natal. Le 2 février, il écrit à sa femme
pour lui annoncer son prochain retour et lui donner des instructions
au sujet de registres à fournir et de certains ouvrages
à relier d’urgence. Il n’est pas encore rétabli,
car il termine sa lettre en disant : « J’ai
pris des pillules hier, j’en prends encore aujourd’hui.
Je vous embrasse, ainsi que les petites poulettes. »
Il ne devait plus recouvrer la santé ; le mal s’aggrava
au cours des années 1841, 1842, et finalement se compliqua
de troubles mentaux. Il fut transféré à
Uccle, à la clinique du docteur J.-F. Kalcker, qui avait
fait construire en 1835, au hameau Le Chat, un grand établissement
pour aliénés. C’est là que Masquillier
termina ses jours le 16 octobre 1842, à 8 heures du soir,
âgé, selon l’acte de décès, de
trente-neuf ans, un mois et vingt et un jours.
L’atelier de reliure fut maintenu après
sa mort. On n’entreprit plus semble-t-il désormais
la reliure de luxe, mais les ouvriers que le maître avait
formés continuèrent longtemps encore à produire
du bon travail courant et de bibliothèque. Ces reliures,
bien que non signées – du moins n’en est-il
parvenu aucune à ma connaissance qui recouvrît une
impression postérieure à 1842 et qui fût
signée – se reconnaissent cependant
aux fers utilisés pour la dorure, et aussi aux particularités
de métier léguées par le maître à
ses anciens élèves.
En ce qui concerne les reliures signées
masquillier, on peut donc admettre en principe qu’elles
virent le jour entre 1828 et 1842.
La firme Masquillier et Dequesne, relieur
et régleur, Grand-Rue, 25, à Mons, figure encore
dans l’Alm. Tarlier de 1866. Dans celui de 1878, le nom
de Masquillier a disparu, mais Dequesne (E.), relieur
et régleur est encore signalé à la même
adresse.
Bibliographie :
- Dubois d'Enghien (H.), La reliure
en Belgique au dix-neuvième siècle, pp.189-194.
Les deux volumes : 120
euros (code de commande : 00042).
Si vous souhaitez obtenir d'autres informations n'hésitez à pas à me questionner (b.waterlot@hotmail.com).
Ces livres peuvent être retirés à l'adresse figurant dans l'en-tête du blog.
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