vendredi 8 juillet 2022

Valentino - La formation de la peinture française. Le génie celtique et les influences.

 


VALENTINO (Rachel).

La formation de la peinture française. Le génie celtique et les influences.

Paris, Librairie Orientale et Américaine G.P. Maisonneuve, 1936.

 


 

Grand in-8° (184 x 273 mm.) broché, 381 p., L planches hors texte.
 

Extrait de l'introduction :
   En Gaule, une race puissamment installée, la race celtique. Quarante millions de Celtes ayant une civilisation rudimentaire, mais bien à eux ; un art simple, mais dont la décoration est arrêtée dans sa technique et dans sa forme : tout en jeux de lignes disposées avec précision, agencées avec clarté, suivant des harmonies géométriques, par des ouvriers ayant du goût et de l'habileté et réalisant – notamment avec l'entrelacs, leur motif de prédilection – les combinaisons multiples d'une ornementation sans fin, élégante, étoffée. Déferlant sur ce fond robuste et neuf, d'abord la vague gréco-romaine, apportant à la fois la froide beauté hellénique et la lourde majesté impériale ; puis la vague byzantine, gonflée de toute l'exubérance asiatique, riche d'images, débordante de couleurs, puis, beaucoup plus tard, la vague italienne, pleine de réminiscences hellénistiques, puis la vague bourguignonne et flamande pleine de verve, chacune laissant sur le terrain celte ses apports particuliers. On a dit de Paris, important centre artistique, que c'était « un endroit très international, très perméable à tous les souffles », il semble que la remarque vaille pour le pays entier et que l'une des caractéristiques de l'esprit celte ait été précisément la perméabilité aux influences extérieures ; mais une perméabilité très particulière, filtrante en quelque sorte, ne laissant passer de l'influence que ce qui entre dans le tempérament celte et rejetant le surplus. Il y a dans l'intelligence des Celtes un équilibre, un souci de garder en toutes choses « raison et mesure » dont on trouve de nombreuses traces dans la production littéraire du Moyen Âge et qui n'est pas sans rappeler ce souci du juste milieu qui préoccupait tant les Grecs. À cet équilibre continuel que l'esprit celte a su garder parmi tant d'influences qui eussent pu l'envahir, la peinture française doit d'avoir bénéficié des unes et des autres sans jamais s'abandonner à aucune ; certes, elle a bien commencé par revêtir la livrée byzantine, mais elle ne l'a pas conservée intacte pendant des siècles comme la peinture italienne ; elle à subi l'influence anglo-saxonne mais en a immédiatement écarté et l'excès des décorations végétales et la fausseté des coloris, elle a connu les inspirations violentes de l'Espagne mais en a rejeté l'épouvante ; la façon doucereuse de Sienne mais en a rejeté la fadeur ; elle a subi l'influence flamande mais pas la truculence et, ne puisant aux diverses sources qu'avec « raison et mesure », elle a su, au cours de son long développement et dès qu'eût été close l'ingrate période des copies byzantines, d'une part, constamment conserver une physionomie propre, et d'autre part, à la faveur des apports nouveaux, se tenir en un perpétuel mouvement. Tel apparaît donc essentiellement l'esprit celte : simple, clair, précis. Concret, en somme, plus qu'imaginatif. Ouvert à toutes les suggestions. Mesuré. Ces qualités maîtresses ne devant, dans la suite des temps, se laisser entamer par rien et constituant l'armature même de l'intelligence française.

 

Vendu.

 

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