GUDIOL (José).
Goya 1747-1828. Biographie, analyse critique et catalogue des peintures.
Traduit de l'espagnol par Lionel Mirisch.
Tomes I à IV (complet).
Paris, Weber, 1970.
Quatre volumes in-4° (255 x 295 mm.) sous reliures et jaquettes d'éditeur, 406 p, les 1295 planches sont présentées dans les volumes II, III et IV, tirage limité à 1500 exemplaires numérotés (n° 686), exemplaire en très bel état, peu courant.
Introduction :
L'œuvre de chacun des grands artistes du passé doit être réexaminée périodiquement. Elle doit susciter des études qui, menées dans un esprit de synthèse et à la lumière des recherches les plus récentes, donnent sur elle le jugement du moment et ouvrent la voie à de futurs travaux.
Tel est le dessein qui anime cet ouvrage.
Tome I |
Goya représente, dans l'art espagnol, une valeur universelle. Son génie tient à l'extraordinaire ampleur de ses possibilités et de ses réalisations, et s'est manifesté dans l'iconographie comme dans la technique, dans l'expression comme dans l'image. Goya était doué de façon tout à fait exceptionnelle, non seulement pour interpréter et pour communiquer l'essence des valeurs plastiques, mais encore pour découvrir et pour réinventer la beauté et le sentiment de l'homme que recèlent les aspects les plus désolés de la nature. Son inépuisable vitalité lui a permis d'exalter n'importe quelle sorte de représentation picturale ou graphique soit en exprimant avec la plus grande intensité ce qui est terrible et ce qui est dramatique, soit en donnant de la profondeur aux thèmes superficiels qui lui furent parfois imposés, surtout au début de sa carrière à la Cour. Enfin, ayant vécu entre deux époques, entre deux mondes, le rococo aux grâces affectées et le romantisme commencent qui annonçait déjà l'expressionnisme, Goya occupe une position clef dans la genèse de l'art européen contemporain.
Mais si l'artiste est important, l'homme ne l'est as moins. Son énergie presque surhumaine lui permit de tirer parti même de ses épreuves physiques. Il naquit et grandit dans un milieu pauvre et arriéré, et vécut ensuite au sein d'une société épuisée et décadente, où rares furent ceux qui lui offrirent amitié et compréhension. À la vérité, Goya ne dut de survivre qu'à une activité prodigieuse, qui ne l'abandonna jamais, fut-ce dans la maladie, dans l'exil ou dans la vieillesse. Après avoir surmonté les dangers d'une jeunesse turbulente et pauvre, il déjoua, grâce à son tempérament passionné et violent, la tentation de la vie facile qu'aurait pu lui apporter son succès à la Cour : on n'attendait de lui en effet qu'un art brillant et superficiel qui, pour un coloriste né, comme Goya, ne présentait aucune difficulté. Il sut dominer sa peur profonde de la misère, et ne tomba pas dans les pièges de l'ambition ni de l'avarice, car son principal – si ce n'est unique – souci fut toujours de demeurer fidèle à ce puissant élan qui le portait à peindre.
Cette personnalité de Goya, nous avons cherché à mieux la dévoiler et l'expliquer, en incluant dans notre étude des extraits de lettres et autres écrits de Goya, qui jusqu'à présent n'avaient été publiés que de façon incomplète. Il serait d'ailleurs souhaitable d'entreprendre très rapidement la publication intégrale de ces textes si précieux.
Tome II |
Notre ouvrage comporte un catalogue logique de l'œuvre peint de Goya, fondé d'une part sur notre analyse personnelle, et d'autre part sur ce qui, dans les recherches antérieures, nous a paru acceptable. Il comporte également une biographie schématique de l'artiste, qui repose sur les faits les plus importants de son existence ; celle-ci a été divisée en courtes périodes que déterminent des circonstances très diverses : voyages, changements de résidence, graves maladies, événements historiques et politiques, attribution de nouvelles charges, etc. À chacun des chapitres ainsi constitués s'intègre, séparé de l'étude biographique par des astérisques, le commentaire des œuvres correspondant à la même période, y compris celles que, pour notre part, nous estimons devoir y ajouter, comme nous le verrons plus loin. Ainsi, toutes les peintures de Goya sont-elles présentées selon leur succession chronologique. Dans la partie illustrée se trouvent les reproductions, non seulement de toutes ces œuvres, mais aussi de détails qui permettent de mieux apprécier leurs caractéristiques techniques et leur valeur picturale. Les planches en couleurs illustrent également cet aspect si important de l'œuvre de Goya. Des textes de commentaire, la plupart du temps sur l'œuvre en particulier, parfois sur un petit groupe d'œuvres, enrichissent le catalogue proprement dit en apportant des renseignements précis sur l'histoire du tableau et sur les circonstances de sa création.
La plupart des peintures de Goya se trouvent toujours dans le lieu même pour lequel elles furent créées ou entre les mains des héritiers de leurs premiers possesseurs. C'est ainsi que nous tenons le Musée du Prado pour l'héritier du patrimoine royal et sans doute pour le plus important collectionneur de tableaux de Goya. Pour ce qui est des œuvres qui ont changé plusieurs fois de mains, nous citons seulement le premier propriétaire connu et le propriétaire actuel. Quand ce dernier a demandé à rester dans l'anonymat, nous faisons suivre l'œuvre de la mention « collection privée », formule peu originale, certes, mais la seule qui nous soit permise.
La méthode choisie en vue d'établir ce corpus est la suivante : pour commencer, nous avons réuni les photographies de toutes les œuvres certaines ou probables du peintre. L'étude directe des originaux n'a pas été négligée. Au contraire, nous pouvons affirmer que 90 %, des œuvres reproduites ici ont été étudiées d'après l'original, ce qui nous a imposé d'innombrables voyages et des années de recherches. Il est de plus en plus difficile, en effet, de faire une révision de l'œuvre de Goya à cause de sa dispersion dans le monde entier. En outre, entre ces « pèlerinages » dans les musées et les collections privées, nous avons étudié l'ensemble de la bibliographie digne d'intérêt relative au peintre.
Les œuvres de date certaine une fois répertoriées suivant leur chronologie, nous n'avons pas dédaigné les peintures non datées, que nous n'avons pas reléguées dans un chapitre à part. Nous fondant sur l'analyse stylistique des œuvres datées, nous avons intercalé entre elles celles qui ne l'étaient pas, avec la conviction que, le plus souvent, elles correspondent bien aux périodes que nous leur avons assignées. Et si nous nous sommes décidé à publier les résultats de nos travaux, c'est que nous étions persuadé qu'une mise à jour de l'œuvre de Goya était devenue indispensable. Qu'il nous soit permis d'espérer que notre travail, si imparfait soit-il, contribuera à une connaissance plus approfondie de Goya.
Cela dit, il n'est pas possible, à notre avis, d'avoir une idée complète de Goya peintre, si l'on ne tient pas compte de son œuvre de dessinateur et de graveur ; c'est pourquoi nous publions un choix de dessins, de gravures et de lithographies, non pas dans le but d'en dresser un catalogue, mais à titre de complément de l'œuvre picturale. Cette présentation « parallèle » aidera à mieux comprendre la mentalité de l'artiste, ainsi que ses réactions devant la vie et les événements historiques. Par exemple, si l'on sait que Goya dessina directement, peut-être in situ, des scènes de la guerre d'Indépendance, on oublie trop souvent qu'il ne composa que six ans après les peintures qui y font allusion.
Avant de conclure, nous commettrions une grave injustice si nous ne mentionnions pas tout spécialement les auteurs qui sont au départ des études biographiques de Goya. Les premières biographies furent celles de : Carderera (1835), Matheron (1858), Iriarte (1868) et Zapater (1868).
Les premiers catalogues de l'œuvre de Goya sont ceux de Viñaza (1887), Araujo (1895), Von Loga (1903), Beruete et Moret (1915) ; les catalogues critiques antérieurs au nôtre sont ceux de Mayer (1925) et de Desparmet Fitz-Gerald (1950). La première biographie raisonnée de Goya, due à Sànchez Cantón (1925) est fondamentale. Les ouvrages qu'a publiés par la suite cet historien d'art ont également apporté une contribution exceptionnelle à la connaissance de Goya. Les apports de Lafuente Ferrari, Soria, Sambricio, Salas et Malraux sont aussi très importants. Quant à la publication du corpus et à l'étude des gravures, elles ont été menées de façon satisfaisante par Delteil, Sànchez Cantón, Lafuente Ferrari, Camón Aznar, Harris et d'autres encore. Maintenant, il ne reste plus qu'à étudier et à reproduire la totalité des dessins, encore qu'il existe d'excellentes éditions partielles de ceux-ci. Il nous faut bien entendu souligner ce que nous devons à cet énorme travail de recherche qui embrasse plus d'un siècle ; nous espérons qu'il se poursuivra grâce à la découverte d'œuvres inédites ou de documents susceptibles de répondre aux questions qui restent encore posées.
Tome III |
Ce travail considérable permettra – c'est notre vœu le plus fervent – de mieux comprendre l'œuvre de ce géant de la peinture espagnole qui, par sa diversité dans l'aimable comme dans le terrible, ne peut laisser personne indifférent.
Comme on pourra le constater, notre premier souci a été l'étude de la technique et de la conception qui ont présidé à la réalisation de chaque œuvre. C'est sous cet angle, avant tout, qu'il convient de « voir » l'auteur des peintures de la Quinta del Sordo. Car, sans dédaigner son intérêt profond pour la réalité et pour le sujet, sa capacité à découvrir instinctivement techniques et moyens d'expression (Goya ne fut jamais un intellectuel, ni même un chercheur au sens où on l'entend aujourd'hui), nous ne manquerons pas de nous étonner plus encore de son aptitude à parcourir le champ de l'existence et de la fantaisie, celle-ci étant conçue comme une interprétation de celle-là et non comme une fuite. Qu'il s'agisse du peintre des grumeaux informes du début du XIXe siècle ou de l'expressionniste des « Peintures noires » (ou même des détails des fresques de San Antonio de la Florida), Goya réserve les plus grands étonnements, et affirme déjà une maîtrise égale à celle que l'on trouve dans ses portraits apparemment plus académiques, ou dans ses aimables cartons de tapisseries. C'est que, formée pendant une période heureuse mais décadente, puis durant l'invasion napoléonienne qui entraîna tant de violence, la puissante personnalité de l'artiste a donné à cette œuvre si diverse son unité la plus profonde.
Cette unité et cette double dimension de Goya – dans le sujet et dans la technique, dans le style et dans l'esprit – apparaissent tout au long de ce livre, affirmées l'une et l'autre par le caractère de l'artiste, dur en même temps que gai et ironique, tel qu'il ressort de sa correspondance, et soutenues par un génie dont il eut conscience dès ses débuts, comme on peut le voir lors de sa révolte contre Bayeu au sujet des peintures du Pilar. C'est pourquoi cet ouvrage, destiné en premier lieu aux spécialistes, qu'ils soient conservateurs de musées, collectionneurs d'œuvres de Goya ou historiens d'art, sera utile aussi à quiconque s'intéresse à la vie de l'esprit et à la création.
Tome IV |
Les quatre volumes : 200 euros (code de commande : 00006).
Si vous souhaitez obtenir d'autres informations n'hésitez à pas à me questionner (b.waterlot@hotmail.com).
Ces quatre livres peuvent être retirés à l'adresse figurant dans l'en-tête du blog.
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